Journée d'études. Plurilinguisme en contexte caribéen : opportunités, enjeux et défis.

 

 

26 avril  2022

Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Martinique

Université des Antilles - Campus de Fort-de-France - Martinique

www.inspe-martinique.fr

Présentation

Parler deux ou plusieurs langues est le quotidien des trois quarts des habitants de notre planète (Garcìa, 2009). Pourtant, cette réalité a été longtemps occultée par des politiques linguistiques centrées autour d’un monolinguisme national. Le constat que nous offrent les linguistes et les sociolinguistes est le suivant : au fil du temps, des centaines de langues disparaissent, succombant à la pression d'autres langues occupant leurs espaces par des processus complexes d'expansion culturelle, politique ou économique. D’autres facteurs comme la migration et les déplacements forcés des populations influent également sur l’existence des langues. Dans la région Caraïbe, un défi majeur a été le faible statut des langues créoles et la réticence de la société à admettre ces langues dans les classes (Youssef, 2010).

Mais, les enjeux du monde globalisé ont eu un impact certain sur la perception du plurilinguisme et du contexte multilingue ainsi que sur les modes de communication à la fois locale (souvent multilingue) et globale (instantanée et standardisée) (King, 2018; Castells, 2000). Dans le monde moderne, le monolinguisme n'est plus une force, mais un handicap et l’individu plurilingue devient un atout économique et social majeur. Les organisations intergouvernamentales, notamment les Nations Unies, l’Union éuropéenne et le Conseil d’Europe ont souligné à plusieurs reprises les avantages des politiques linguistiques inclusives : elles promeuvent la cohésion sociale, agissent contre la discrimination, valorisent la diversité, protègent les droits des minorités et apaisent les tensions (UNESCO, 1977). A l’échelle mondiale, de nouvelles innovations technologiques et pédagogiques autour des langues et de leur apprentissage se développent et de nouveaux espaces de réflexion et de recherche se créent dans le but d’explorer les problématiques liées aux langues, à la diversité linguistique, à l’inclusion des personnes et des groupes linguistiques et aux enjeux du bi-plurilinguisme dans le monde d’aujourd’hui et de demain. 

Cette journée d’étude s’intéresse particulièrement aux enjeux du plurilinguisme (natif, précoce ou tardif) dans le contexte caribéen et aux innovations autour des langues et de leur apprentissage. Elle s’organise autour d’une matinée de présentation de travaux issus de la recherche et d’un après-midi consacré aux ateliers de présentation des outils, ressources et stratégies didactiques. Grâce à cette double perspective (qui vise à la fois la divulgation scientifique et la professionnalisation), cette journée pourra intéresser non seulement les chercheurs mais aussi les professionnels et les étudiants dans le domaine des métiers de l’enseignement, l’éducation et la formation.

 

Références bibliographiques

 

Castells, Manuel (2000). The information Age. The rise of the network society, Oxford: Blackwell.

García, Ofelia (2009). Bilingual Education in the 21st Century: A Global Perspective. Malden, MA and Oxford: Basil/Blackwell.

King, Lid (2018). The Impact of Multilingualism on Global Education and Language Learning. Cambridge Assessment English, UCLES 

UNESCO. (1977). Education in a multilingual and multicultural context. Paris: Bureau international d'éducation - UNESCO

Youssef, Valérie (2002). Issues of Bilingual Education in the Caribbean: The Cases of Haiti, and Trinidad and Tobago, International Journal of Bilingual Education and Bilingualism, 5:3, 182-193.

 

Organisation

 

 

  

Comité organisateur
  • Maurizio Ali (INSPE de Martinique)
  • Lucy Christine (INSPE de Martinique)
  • Shiba Bouaille (Université des Antilles)
  • Jobie Emmanuel-Emile (INSPE de Martinique)
  • Nico Dicuonzo (stagiaire ERASMUS+, Università di Napoli L’Orientale)
 
Comité scientifique
  • Sophie Alby (Université de la Guyane)
  • Elisabeth Regnault (Université de Strasbourg)
  • Isabelle Léglise (CNRS)
  • Solange Ponidja (Université de Nouvelle Calédonie)
  • Dominique Groux (Université des Antilles)
 
Se rendre à l’INSPE de Martinique:

Suivre à distance

 
 
Pour les auditeurs qui ne peuvent pas y assister en présence, nous vous rappelons que la journée  se deroule aussi à distance.

Pour tous qui souhaitent suivre en ligne, voici le lien de connexion ZOOM.

 
 
ID de réunion : 881 0264 4509
Code secret : 265517 
 

 

 

 

 

Programme

 

                              imgonline_com_ua_resize_ZezpuU5Lvn.jpg

 

Programme de la journée d’études 26 avril 2022

 

Matinée. Le plurilinguisme en contexte: identités, revendications et contraintes

 

 

9:00 – 9:10 Accueil café et ouverture de la journée

9:10 - 9:20 Bertrand Troadec - Directeur de l’INSPE Martinique. Mot de bienvenue

9:20 - 9:30 Zephrine Royer (Université des Antilles). Présentation de la journée

9:30 – 10:10 Bruce Jno-Baptiste (Université des Antilles). Plurilinguisme et identité dans le contexte Caribéen.

10:10 – 10:50 Cheikh Nguirane (Université des Antilles).Multiculturalisme et/ou interculturalisme : perspectives afro-canadiennes

10:50 – 11:20 Pause café

11:20 – 12:00 Maurizio Alì (Université des Antilles). Anthropologie du plurilinguisme : perspectives ultramarines

12:00 – 12:40 Zephrine Royer (Université des Antilles). Langues locales, représentations et politiques linguistiques dans la Caraïbe : le cas de la Dominique 

 

12:40 – 14:00. Pause déjeuner

 

 

Après-midi. Plurilinguisme : se former et s’outiller

14:00 – 15:00 Atelier 1 - Manuella Antoine. Formation des enseignants et la didactique du plurilinguisme en contexte Caribéen

15:00 – 15:15. Pause café.

 

15:15 – 16:15. Atelier 2 - Cédric Ramassamy. Apprendre et enseigner en contexte plurilingue: outils didactiques et ressources pédagogiques

16:15 – 16:30 Zephrine Royer (Université des Antilles). Clôture de la

journée.

 

 

 
 
 

 

download_1_2.png

Interventions

 

Zephrine Royer

 

Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Martinique - Université des Antilles

 

Centre de Recherche Interdisciplinaire en Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines (CRILLASH - EA 4095)

 

zephrine.royer@inspe-martinique.fr

 

 

 

Langues locales, représentations et politiques linguistiques dans la Caraïbe : le cas de la Dominique

 

Il existe très peu de recherches sur les langues locales dans le contexte scolaire en Dominique et sur leur rôle dans les résultats scolaires des élèves. Les études sur le kwéyòl, le kokoy et l'anglais dominicain révèlent que les éducateurs rejettent souvent ces langues ou variétés comme des supports viables pour l'enseignement. En effet, les langues locales sont considérées comme des langues vernaculaires de moindre valeur (Ammon & al., 2006) qui représentent un obstacle à la réussite scolaire (Abd-Kadir, Hardman, & Blaize, 2003 ; Royer, 2015). 

 

La préoccupation centrale ici est de s'interroger sur la manière dont les perceptions des éducateurs influencent actuellement l'utilisation des langues Kwéyòl et Kokoy dans les écoles, et sur la manière dont ces attitudes peuvent avoir un impact sur l'avenir et la préservation des langues locales de la Dominique et et d’autres îles caribéennes. Ces langues semblent perdre du terrain face à l'anglais (langue d'enseignement exclusive), aux langues étrangères (avec l'exclusion du créole et du kokoy du programme scolaire) et à un nombre croissant d'anglophones monolingues (Christie, 2010 ; White-Christian, Colaire-Didier, Vernay-Romain, & Maglore-Akpa, 2010).

 

Bien que les pays des Caraïbes visent une compétence bilingue pour les élèves sortant de l'école, les décideurs politiques et les éducateurs ignorent souvent la compétence bilingue ou plurilingue déjà existante des élèves lorsque l'autre langue est une langue locale. Cet article présente les résultats d'une étude menée sur la place et la perception des langues locales dans les écoles de la Dominique et examine l'impact des attitudes sur la politique d'éducation linguistique et l'enseignement des langues locales. 

 

 

 

Mots-clés : Kwéyòl, Kokoy, politiques linguistiques, contexte créolophone, plurilinguisme, Dominique, Caraïbe.

 

 

 

References

 

Abd-Kadir, J., Hardman, F., & Blaize, J. (2003). Dialect interference in the writing of primary school children in the Commonwealth of Dominica. L1 - Educational Studies in Language and Literature, (3), 225–238.

 

Ammon, U., Dittmar, N., Mattheier, K. J., & Trudgill, P. (2006). Sociolinguistiques: An international handbook of the Science of Language and Society (2nd ed.). Berlin: Mouton De Gruyter.

 

Christie, P. (2010). From English for Dominicans to Dominican English. Caribbean Quarterly, 56(3), 55–69.

 

Royer, Z. (2015). Propositions pour un enseignement bilingue préélémentaire: Enquêtes et expérimentations à la Martinique et à la Dominique. Université des Antilles, Schoelcher, Martinique.

White-Christian, C., Colaire-Didier, J., Vernay-Romain, M., & Maglore-Akpa, S. (2010). Adaptation de la didactique du français aux situations de créolophonie, Guide du maître: La Dominique.

 

Cheikh Nguirane

Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Martinique - Université des Antilles

cheikh.nguirane@inspe-martinique.fr

 

Multiculturalisme et/ou interculturalisme : perspectives afro-canadiennes

Dans un contexte marqué par le débat sur le bilinguisme et le biculturalisme opposant le Québec et le Canada anglophone, le premier ministre libéral Pierre Elliot Trudeau a adopté en 1971 une mesure d’inclusion des minorités connu sous le nom de « multiculturalisme », laquelle s’inscrit dans un cadre législatif et politique plus large. Afin de veiller à l’articulation de cette politique, le gouvernement fédéral mit en place des organes de liaison (Conseil canadien du multiculturalisme) dont la mission était de régir – par le biais de programmes d’éducation, de financements publics d’organisations culturelles, de campagne de lutte contre le racisme – les relations entre le groupe majoritaire et les « minorités visibles1 » dont font partis les Afro-Canadiens. Les provinces de l’Ontario et la Nouvelle-Écosse avaient aussitôt suivi cette préconisation du gouvernement fédéral en adoptant, sous une forme ou une autre, des programmes d’éducation et de promotion de la diversité en vue de répondre aux demandes de représentation et reconnaissance des minorités visibles. Quant à la province du Québec – déchirée entre l’orientation multiculturelle préconisée par le Canada et le modèle républicain français – elle a développé son propre modèle d’intégration : l’interculturalisme.

De cette compétition entre l’État canadien et la province du Québec pour s’attirer l’allégeance des minorités visibles naissent des discours (dans les milieux politiques et académiques) qui ont tendance à occulter les perspectives minoritaires sur les problématiques soulevées par le multiculturalisme et l’interculturalisme. Cette contribution cherche à démontrer que le débat autour de ces deux modèles de gestion de la diversité dépasse, depuis le début des années 1980, le cadre des rivalités entre Français et Anglais, entre forces centralisatrices et courants autonomistes. Si le Canada n’a pas connu d’agitations raciales importantes comme celles des villes de Chicago, Detroit et Brixton (Grande-Bretagne), les provinces de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse – où vivent des populations afrodescendantes – sont le théâtre de contestations qui s’inscrivent à contre-courant des approches multiculturelles et interculturelles. L’éducation apparaît comme un formidable laboratoire pour comprendre les divergences de conceptions autour du multiculturalisme et de l’interculturalisme.

Bibliographie sélective

Dei, G., James, C., Lawson, E. et Wood, M. (2005). Towards an Equitable Education for Black/African-Canadian Students in Ontario Schools. Toronto : Ontario Ministry of Education.

Elliot Clarke, G. (2011). Les Noirs « autochtones » : Une identité irréconciliable ? Dans A. Mathur, J. Dewar et M. DeGagné (dir.), Cultiver le Canada : Réconciliation sous l’éclairage de la diversité (p. 404-412). Ottawa : Fondation autochtone de guérison.

Helly, D. (2000). Le multiculturalisme canadien. De la promotion des cultures immigrées à la cohésion sociale 1971-1999. Revue Cahiers de l'Urmis, No.6, 7-20.

Kymlicka, W. (1998). Finding Our Way : Rethinking Ethnocultural Relations in Canada. Toronto : Oxford University Press.

Mensah, J. (2010). Black Canadians : History, Experience, Social Conditions (2nd ed). Halifax/Winnipeg : Fernwood Publishing.

Nguirane, C. (2014). Du ségrégationnisme à l’inclusion : les initiatives éducatives des minorités noires en Nouvelle-Écosse. Minorités en éducation et dans le monde du travail, INITIO, No. 4, 122-142

 

Maurizio Alì 

Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Martinique - Université des Antilles

Centre de Recherches et de Ressources en Éducation et Formation (CRREF - EA4538)

Équipe d’Accueil Sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie (EASTCO - EA4241)

Centre interuniversitaire d'études et de recherches autochtones (CIERA - Université de Montréal)

Observatoire Caribéen du Climat Scolaire (OCCS)

maurizio.ali@inspe-martinique.fr

 

Anthropologie du plurilinguisme : perspectives ultramarines 

Depuis plusieurs décennies la recherche anthropologique s’intéresse aux phénomènes sociétaux associés au plurilinguisme et il existe désormais un important corpus de données autour des pratiques langagières, notamment des enfants, dans les milieux multiculturels. D’autres travaux, notamment dans le domaine des neurosciences de l’éducation et de la psychologie du développement, ont montré les bienfaits des environnements plurilingues, notamment pour l’amélioration de certaines performances cognitives. En revanche, les études menés plus récemment dans les territoires de la France d’outre-mer ont mis en évidence un paradoxe : bien que ces territoires soient tous caractérisés par un environnement multiculturel (et donc, en théorie, favorable au développement intellectuel des enfants et des jeunes), les performances scolaires des élèves locaux sont préoccupantes, y compris dans le disciplines linguistiques (les langues régionales et étrangères). Cette communication veut présenter d’une manière systématique les causes et les effets de ce paradoxe, en mettant en évidence les défaillances du système scolaire ultramarin.

 

 

Manuella Antoine 

Institut national supérieur du professorat et de l’éducation de Martinique - Université des Antilles

manuela.antoine@inspe-martinique.fr

 

Formation des enseignants et la didactique du plurilinguisme en contexte Caribéen

Les langues et les cultures de la Caraïbe pour se former et mettre en oeuvre le plurilinguisme : comment l’enseignant peut-il se nourrir des langues et des cultures du milieu en s'appuyant sur les jeux de langage pour enrichir les compétences métalinguistiques plurilingues et interculturelles de l’apprenant et les siennes ? 

L’atelier permettra aux participants de sortir de l’oubli ou de la censure les langues du milieu dans lesquelles l’apprenant et lui-même évoluent. En s’appuyant sur des situations concrètes d’échanges, il s’agira de réfléchir aux compétences métalinguistiques plurilingues et interculturelles mobilisées afin de repérer les jeux de langage les plus pertinents à mettre en œuvre pour nourrir ces dernières. 

Une bibliographie sera fournie lors de l'atelier.

---------------------------------------

Personnes connectées : 3 Vie privée
Chargement...